Proposer des espaces partagés à la location pour des entrepreneurs individuels ou des entreprises, ce n’est plus qu’une affaire de spécialistes. En effet, 10 ans après l’arrivée du premier espace partagé en France, les grands groupes immobiliers « historiques » se lancent enfin à l’assaut de ce marché. Leur débarquement est déjà en marche, avec une accélération du nombre de mètres carrés disponibles en région Île-de-France qui fait tourner les têtes.

Le succès du coworking ne connait pas la crise

C’est en 2008 qu’arrivent en France les premiers espaces partagés. Quatre ans plus tard, la capitale comptait alors 20 espaces de coworking. Cinq ans plus tard, en 2017, ils sont au nombre de 600 ! Une multiplication par un facteur de 30 qui témoigne de l’engouement pour ces espaces en Île-de-France, comme partout ailleurs dans le monde. Le premier sursaut a eu lieu en 2013–2014, avec la barre des 25 000 m² d’espaces ouverts en un an en Île-de-France. Un palier de nouveau atteint en 2016, et qui devrait être battu en 2017 selon les projections.

Les grands quartiers d’affaires établis, comme le Quartier des Affaires de Paris 8e, la Défense ou encore le pôle de la gare de Lyon-Bercy, en passant par « la Silicon Sentier », ancien quartier des ateliers de confection, concentrent la majorité des espaces ouverts. Alors que ces quartiers n’attiraient qu’un quart des ouvertures depuis l’arrivée du coworking en France, ils polarisent désormais plus de 75 % des espaces nouvellement lancés depuis 2016.

Comment expliquer ce revirement ? Avec l’arrivée d’acteurs internationaux qui n’hésitent pas à investir dans des quartiers d’affaires, mais aussi avec le réveil de grands groupes immobiliers, qui limitent leur prise de risque en s’installant dans des zones déjà clairement identifiées, et avec des immeubles disponibles, pour proposer plus centaines ou milliers de mètres carrés.

De plus, de grands groupes mondiaux installent leurs salariés dans des bureaux loués au mois et partagés avec d’autres entreprises. Le coworking n’est plus qu’une affaire d’entrepreneurs individuels, mais bien un nouveau mode d’organisation du travail, qui intéresse les acteurs historiques de l’immobilier tertiaire. Le besoin est réel, l’offre arrive.

Les grands groupes immobiliers misent sur le coworking

Bouygues Immobilier, associé à AccorHotels, et a pour objectif d’accélérer le développement de Nextdoor, spécialiste de ces espaces de travail ouverts, créé en décembre 2014 par Bouygues Immobilier. Objectif : lancer 80 espaces de travail collaboratifs en France et en Europe à horizon 2022. 10 à 15 ouvertures par an sont donc prévues à partir de 2018, notamment en région parisienne. « D’ici fin 2017, Nextdoor exploitera 8 sites en France (parmi lesquels les Gares Saint-Lazare et de Lyon à Paris, des lieux en première couronne à Issy-les-Moulineaux, Neuilly-sur-Seine et La Défense, et à Lyon Part-Dieu) et comptera plus de 4000 clients » peut-on lire sur le site du Moniteur.

Autre symbole de cette arrivée de géants dans le monde du coworking, la Foncière des Régions travail sur sa propre vision de l’immobilier tertiaire de demain, et veut proposer une solution innovante ! Pour montrer le caractère novateur de son projet, la Foncière des Régions a judicieusement organisé un hackathon sur le thème du bureau de demain (les 10 et 11 octobre 2017).

Parmi les projets évoqués par les participants, une salle de réunion adaptable selon les besoins dans la journée, ou l’intégration d’un assistant intelligent, développé avec l’internet des objets, capable de renseigner les visiteurs sur les bureaux libres ou les services accessibles en temps réel.

Le coworking pourrait entrer dans une nouvelle ère disruptive avec les ambitions des nouvelles licornes du secteur comme WeWork (dernière levée de fonds de 4,4 Milliards USD par SoftBank en Aout 2017) et l’expertise de grands groupes qui croient dans ce mode d’organisation du travail. Avec une augmentation de 34 % du nombre de travailleurs indépendants entre 2008 et 2016 en France (une tendance qui devrait se poursuivre), le coworking s’est installé durablement dans le paysage de l’immobilier de bureau.