L’open space est toujours vivant, il bouge encore. Malmené, critiqué, ce concept d’organisation du travail parvient encore à conserver sa place dans certaines entreprises. Pourtant, les études qui montrent ses limites se multiplient, comme celle réalisée par deux chercheurs de la Harvard Business School publiée au début de l’été.
 

Bureaux ouverts, esprits fermés

La recherche par les entreprises d’une meilleure collaboration a conduit à une transformation des espaces de bureau traditionnels. Avec l’arrivée de l’open space, nous sommes passés à une architecture « ouvertes » améliorant la transparence, avec moins de murs, de portes et autres limites spatiales. Enfin ça, c’est pour la théorie ! Car contrairement aux idées reçues, le volume des interactions en face à face diminue de manière significative lorsque l’organisation des bureaux dans une entreprise devient ouverte.
 

Ce constat, ce sont deux chercheurs de la Harvard Business School (Ethan Bernstein et Stephen Turban) qui le font : ils estiment que la baisse des interactions directes est d’environ 70%, avec en parallèle une augmentation des interactions électroniques (via e-mail, échanges téléphoniques ou systèmes de messagerie Web). « Plutôt que d’encourager une collaboration en face à face de plus en plus dynamique, l’architecture ouverte semble déclencher une réponse humaine naturelle au retrait social ».
 

Cette étude est, selon les chercheurs, la première à mesurer empiriquement l’interaction face à face et l’interaction électronique avant et après l’adoption de l’architecture de bureau ouvert dans une entreprise. Une étude qui vient bousculer les croyances établies.
 

Développer des espaces de bureau ouverts et axés sur le partage semble être une action qui relève bien plus de la chasse aux coûts superflus plutôt que du développement de la collaboration !
 

Le hot-desking, ultime étape pour casser la collaboration ?

Pourquoi ce phénomène de repli sur soi est-il observé et est désormais clairement identifié grâce à cette étude ? Car nous aimons tous notre vie privée, notre bulle. Ainsi, les salariés qui se retrouvent dans un espace ouvert sont obligés d’utiliser de nouveaux moyens de préserver cette sphère privée. Écouteurs sur les oreilles, regard centré sur l’écran. On s’isole, comme on peut.

Les employés trouvent également d’autres moyens de communiquer avec leurs collègues. Plutôt que de discuter devant une large audience qui n’a rien demandé, un courrier électronique fait souvent mieux l’affaire. On se parle moins directement, et l’information est moins fluide.
 

La tendance au « hot-desking », cette pratique qui consiste à ne plus attribuer de bureau fixe aux collaborateurs, mais plutôt a fonctionner sur le principe du premier arrivé premier servi, risque de ne pas améliorer la situation. Il s’agit en effet d’un mix entre les atouts supposés de l’open space et la liberté offerte par la non-attribution d’un bureau. Oui, mais la chasse aux derniers bureaux disponibles pour pouvoir éplucher un rapport important, ou encore la course à la meilleure place à l’image des touristes qui se battent autour d’une piscine pour avoir une chaise longue n’apporte rien de bon pour la collaboration…
 

Et si les bureaux partagés avec des espaces multiples évolutifs et conviviaux étaient la solution ? Oui, c’est une évidence.

 
 
 

The impact of the ‘open’ workspace on human collaboration http://rstb.royalsocietypublishing.org/content/373/1753/20170239