« L‘open-space sera mort le 11 mai 2020 à 9h ». Cette phrase cinglante, on la doit au publicitaire Jacques Séguéla, connu pour son sens de la formule. Une expression exagérée ? Un peu certes, mais la crise sanitaire du Coronavirus que nous venons de traverser va entraîner des évolutions lourdes et durables pour les entreprises françaises. Que peut-on attendre demain pour les espaces de bureaux ? Le déclin de l’open-space semble acté. Pour une émergence forte des espaces partagés et polyvalents ?
La fin de l’open-space comme modèle d’aménagement
Déconfinés, nous avons repris depuis le 11 mai 2020 un peu de ce qui fait notre liberté. Pour beaucoup de français, le déconfinement a été synonyme de retour au bureau. Mais pas question de retrouver les habitudes passées. Il va falloir encore vivre avec la menace du Covid-19 pendant au moins plusieurs semaines, et intégrer les « gestes barrières ». Au bureau, on s’adapte.
Le Ministère du travail a édité un guide complet qui détaille le « protocole national de déconfinement pour les entreprises ». A grand renfort de formules mathématiques, il faut calculer surfaces résiduelles et surfaces utilisées, pour appliquer la règle de la distance physique d’au moins 1 mètre entre les collaborateurs (soit 4m² sans contact autour de chaque personne). Complexe.
Le règne de l’open-space – ces espaces ouverts où travaillent sans séparation plusieurs dizaines de salariés – est terminé. Le modèle est clairement attaqué. En devant respecter les nouvelles règles sanitaires (certes temporaires), certaines entreprises ne peuvent accueillir en présentiel que la moitié, ou parfois un tiers seulement de leurs employés. Déjà, depuis plusieurs années, le modèle de l’open-space est chahuté. Avec des espaces ouverts très effervescents et une densité parfois frénétique, les grands plateaux imposent une promiscuité diminuant l’efficacité professionnelle. C’est prouvé, l’open-space nuit à la productivité[i]. Un changement de paradigme est nécessaire, imposé par le virus.
Les espaces partagés et les bureaux flexibles, la nouvelle direction
La motivation des entreprises qui ont compris que le foncier était un sujet essentiel est souvent financière. Réduire l’espace utilisé par collaborateur et optimiser son utilisation, c’est un gain immédiat. Mais la finalité de toutes les évolutions et tendances qui se suivent, c’est de rechercher l’amélioration des conditions de travail et de vie. Accompagner les collaborateurs, leur offrir un cadre de travail utile et bien pensé, là se situe la création de valeur et le vrai retour sur investissement.
Si ce n’est plus avec des espaces ouverts, faut-il tout re-cloisonner ? Non. Mais un modèle « mixte » alliant des bureaux privatifs avec des espaces partagés à taille humaine existe. En combinant les solutions, les espaces peuvent offrir de la convivialité et de la flexibilité, et redonner une intimité. Dans le monde actuel ou l’incertitude de la reprise économique est forte, il apparaît plus que jamais essentiel de choisir une solution flexible et économique pour ses espaces des bureaux, couplée au télétravail. La solution adaptée au monde d’après ne sera pas unique. Elle est polymorphe. Depuis des années, le coworking s’est imposé dans le monde du travail et est une réalité ancrée. Depuis les amendements Macron et avec la crise du Coronavirus, le télétravail est devenu un nouvel eldorado. « L’après » se dessine déjà depuis des mois…
Alors, il faut agir pour intégrer ces changements : dans une nouvelle économie plus équilibrée, moins frénétique et plus locale, qui privilégiera – on l’espère – des relations humaines authentiques, les espaces de bureaux seront eux aussi revus. Le monde d’après en immobilier d’entreprise est plein de défis. Relevons-les ensemble !
[i] https://www.pbs.org/newshour/science/heres-proof-that-open-office-layouts-dont-work-and-how-to-fix-them